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L’usine de trituration de Cargill continuera de transformer localement le canola
26 mai 2022 3 Minute Read

À l’heure où la guerre en Ukraine freine les livraisons alimentaires mondiales et avive les inquiétudes qui pèsent sur la sécurité alimentaire, Michael Bratvold et son équipe viennent de finaliser une transaction grâce à laquelle le géant alimentaire Cargill, Inc., qui a son siège dans le Minnesota, vient de faire l’acquisition, non loin de Regina, d’un terrain de 247 acres où elle prévoit de construire une usine de transformation — ou de trituration — du canola de 350 millions de dollars.
Il s’agira de la cinquième usine de transformation du genre, construite en Saskatchewan dans les dernières années en réaction à l’explosion de la demande d’huile et de tourteau de canola. Cette usine est le fruit d’une vaste campagne menée par le gouvernement provincial pour continuer de produire localement les grains et les légumineuses, au lieu de les transformer ailleurs. Cet investissement de 2 milliards de dollars viendra accroître de 62 % la capacité de production de cette province.
Michael Bratvold, directeur général de CBRE en Saskatchewan, croit que cette transaction de 39 millions de dollars de Cargill finira par représenter la plus importante transaction foncière industrielle dans cette province cette année. « C’est un énorme vote de confiance pour le secteur agroalimentaire de la Saskatchewan. »
Le pays du canola
Le canola, ou l’« or jaune » comme on l’appelle en Saskatchewan, est la toute première source de recettes pour les agriculteurs saskatchewanais et compte pour le quart de l’ensemble des recettes agricoles au Canada.
« Le pourcentage de canola produit et exporté par notre province est stupéfiant, lance‑t‑il. Il est évident que nous sommes le chef de file mondial dans ce domaine. » En plus d’être utilisé dans la production alimentaire, le canola canadien entre aussi dans la production des biocarburants, puisqu’il s’agit d’une ressource durable et renouvelable faible en carbone — et offert en abondance.
« Or, comme tout bon Canadien de l’Ouest, il semble que nous exportions nos ressources sans nous préoccuper le moindrement de leur transformation, précise Michael Bratvold. Ainsi, l’usine de Cargill s’inscrit dans le cadre d’un effort plus vaste pour changer la situation et éviter que nous soyons simplement une économie productrice de ressources : nous pouvons aussi transformer nos ressources et en récolter une partie de la valeur ici même, sans l’expédier pour la faire raffiner ailleurs. »
En annonçant l’an dernier les plans de l’usine de trituration de Cargill, le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, a souligné que cette usine aidera sa province à « développer localement sa capacité de transformation des produits (de canola) ».
Carrefour des Prairies
Le site, acheté par Cargill au gouvernement de la Saskatchewan, est situé dans le Carrefour du transport mondial (CTM) de Regina, parc industriel autogéré et entièrement viabilisé de 1 870 acres, qui donne directement accès à la ligne principale du Canadien Pacifique et à la route Transcanadienne.
Cargill prévoit de commencer à construire, d’ici la fin de l’année, son usine de trituration du canola, qui s’inspirera du modèle de son usine de Camrose en Alberta. D’après le plan, cette usine sera opérationnelle en 2024. Elle devrait être dotée d’une capacité annuelle de production d’un million de tonnes métriques et constituera un point de livraison fiable pour les agriculteurs comme pour les utilisateurs finaux.
Le gouvernement provincial a tout mis en œuvre pour encourager Cargill à s’installer dans le CTM, selon Michael Bratvold. « On a vraiment insisté quand nous nous sommes manifestés : il était absolument évident que le gouvernement provincial voulait que nous nous installions ici. » Et c’était réciproque. « Nous avons mené notre examen préalable et avons envisagé un certain nombre d’autres options, explique‑t‑il. Or, le CTM était pour nous le site où il fallait absolument s’installer. »
La sécurité alimentaire
Si la pandémie a mis en lumière la nécessité de produire des vaccins et des biens d’EPI en deçà de nos frontières, la guerre en Ukraine, important pays producteur de céréales, a jeté un éclairage cru sur le problème de la sécurité agricole intérieure.
« Cette guerre a un profond retentissement sur les prix pratiqués ici et sur la demande exprimée pour nombre de nos produits agricoles, explique Michael Bratvold. Nous avons toujours été un grand producteur de céréales et de légumineuses. Or, depuis quelques années, il y avait vraiment un mouvement non seulement pour les cultiver et les expédier, mais aussi pour les transformer et en récolter la valeur ajoutée ici même. »
« À l’heure où les incertitudes se multiplient sur bien des fronts, produire localement n’a jamais été aussi essentiel. »