Cols bleus, cols blancs, sans cols : Les tendances du marché du travail dans votre quartier

Au-delà des rapports mensuels sur l’emploi de Statistique Canada, l’équipe Veille de localisation de CBRE Canada offre une vision dynamique des tendances de croissance démographique et professionnelle dans les principales métropoles comme Calgary, Toronto, Montréal et Vancouver.

Ces données permettent d’observer l’évolution de ces villes entre 2018 et 2023, révélant des zones marquées par une forte progression de l’emploi ouvrier (cols bleus) dans les secteurs de la construction et de la fabrication, tandis que d’autres ont connu un essor des emplois de bureau (cols blancs), notamment dans le secteur technologique. Certains secteurs ont bénéficié d’une croissance simultanée des deux catégories d’emplois.

Ces tendances émergentes influencent les choix résidentiels, l’implantation des entreprises et l’orientation des investissements immobiliers.

« Nous entrons dans une nouvelle ère de l’analyse géographique, affirme Naz Ali, gestionnaire principale des SIG à CBRE Veille de localisation Canada. La navigation cartographique permet de voir sa ville et son quartier prendre vie. Des tendances auparavant difficiles à percevoir apparaissent désormais clairement. »

« Je suis particulièrement enthousiaste à l’idée de déployer cette technologie cartographique qui permet de visualiser l’évolution des méthodes de travail et des types d’emplois dans les villes canadiennes. »

Calgary

La croissance de l’emploi la plus significative à Calgary s’observe dans le quadrant industriel nord-est. Ce secteur a enregistré une augmentation de sa population résidentielle de 10,6 % entre 2018 et 2023, et devrait connaître une croissance exceptionnelle de 27,4 % sur les cinq prochaines années, pour atteindre 294 777 résidents — le taux de croissance le plus élevé au Canada.

L’agglomération de Calgary dans son ensemble devrait voir sa population augmenter de 13,2 % d’ici 2028, une progression qui semble refléter l’afflux d’habitants en provenance de Colombie-Britannique et d’Ontario, attirés par un coût de la vie plus accessible.

Où travaille cette nouvelle population? Dans le quadrant nord-est, les emplois de bureau représentent 45,6 % de la population active, une proportion en hausse grâce au développement du secteur technologique. Les cols bleus constituent 23,9 % de la population, avec une prédominance des métiers de la vente et des services.

La cartographie met en évidence ce schéma de développement, illustrant comment les nouveaux projets industriels stimulent la construction résidentielle pour répondre aux besoins d’une main-d’œuvre croissante et d’une population en quête de logements abordables en périphérie.

Toronto

Si la région du Grand Toronto est réputée pour ses talents technologiques, c’est peut-être l’essor des emplois ouvriers en banlieue qui constitue sa plus grande surprise.

Comptant actuellement 6,8 millions d’habitants, la région devrait connaître une croissance démographique de 9,4 % entre 2023 et 2028. Ajax a enregistré la plus forte progression ces cinq dernières années avec 16,3 % de croissance, tandis que les plus fortes hausses attendues pour le prochain quinquennat concernent Oakville et Oshawa (+17,2 %) ainsi que Vaughan (+14,2 %).

L’évolution de la main-d’œuvre révèle des disparités : à Vaughan, la population de cols blancs a progressé de 23,1 % entre 2018 et 2023 — principalement dans les secteurs des affaires, de la finance et de l’administration — tandis que celle des cols bleus diminuait de 6,7 % sur la même période.

Mississauga, également dominée par les professions des affaires, de la finance et de l’administration, a vu sa population de cols blancs augmenter de 12,0 % entre 2018 et 2023, alors que sa population ouvrière reculait de 9,2 %.

Dans la ville de Toronto même, dont la population actuelle de 3 millions d’habitants devrait croître de 6,3 % dans les cinq prochaines années, les emplois de bureau prédominent, représentant près de 60 % de la main-d’œuvre, contre 11,1 % pour les cols bleus.

Cette croissance se manifeste sur les cartes par une bande blanche s’étendant du lac jusqu’à Richmond Hill au nord, principalement le long des axes de transport en commun.

Les cartes illustrent également l’intensification industrielle du nord-ouest de Toronto, particulièrement autour de Brampton, où la population ouvrière a augmenté de 15,5 % entre 2018 et 2023, atteignant 106 597 cols bleus.

La cartographie fait apparaître les ensembles résidentiels qui ont émergé ces cinq dernières années en réponse à la croissance des projets industriels dans la région.

Vancouver

Dans la région métropolitaine de Vancouver, Surrey, Langley et Abbotsford ont connu les transformations les plus marquées de leur population de cols blancs, avec une croissance d’au moins 18 % entre 2018 et 2023.

Surrey a parallèlement enregistré un recul de 13,1 % de sa population ouvrière sur les cinq dernières années, tandis que Langley connaissait une baisse de 5,9 %.

La carte dynamique révèle une progression mixte des zones blanches et bleues vers l’est dans la vallée du Fraser.

« Ces tendances pourraient refléter l’évolution des choix résidentiels, les gens s’éloignant davantage pour trouver des logements abordables tout en cherchant à se rapprocher de leur lieu de travail », analyse Naz.

Montréal

La région du Grand Montréal présente des mutations significatives.

Laval, pôle majeur des biotechnologies, a connu la transformation la plus spectaculaire de sa main-d’œuvre ces cinq dernières années : sa population d’employés de bureau, déjà majoritaire, a augmenté de près de 33 % pour atteindre 155 951 personnes, tandis que sa population ouvrière diminuait de 20,2 %, passant de 37 758 à 30 148 personnes.

Ce phénomène se traduit sur la carte par une bande blanche progressant vers l’ouest à travers l’île de Montréal.

« La représentation visuelle de ces évolutions est particulièrement éclairante », souligne Naz.

« Nos systèmes cartographiques mettent en lumière les tendances de l’emploi d’une manière inédite et captivante, révélant des dynamiques que les outils conventionnels ne permettaient pas d’observer. »

« Cette technologie devrait permettre aux entreprises et aux investisseurs de mieux appréhender les interactions entre marché du travail et immobilier, ajoute-t-elle. Pour le grand public, c’est également une façon passionnante de découvrir les mutations de son quartier. »