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Trouver de l’énergie canadienne pour alimenter une IA gourmande en énergie
05 mai 2025 4 Minute Read

L’intelligence artificielle est devenue omniprésente dans notre quotidien, intégrée aussi bien dans les derniers iPhone que dans les robots conversationnels, la création de contenu et les applications populaires comme Instagram et WhatsApp. Le Canada, qui s’impose comme un leader mondial dans le développement de l’IA, a d’ailleurs engagé 2 milliards de dollars pour développer son infrastructure nationale dans ce domaine.
Selon Scott Harper, directeur du Groupe des centres de données à Toronto chez CBRE, « les centres de données d’IA génèrent une demande sans précédent et insatiable à travers le Canada et les États-Unis. Cette situation nous pousse à concevoir des centres de données modulaires pour accélérer leur mise en service. »
L’IA se révèle particulièrement gourmande en énergie : les requêtes d’IA générative consomment jusqu’à cinq fois plus d’énergie que les recherches Web traditionnelles, sans parler de l’entraînement des modèles qui nécessite des ressources considérables. Face à la pénurie mondiale d’énergie, l’industrie des centres de données doit relever un défi majeur : trouver l’énergie nécessaire pour soutenir cette croissance exponentielle.
Une technologie en évolution
L’explosion de la demande en centres de données et les contraintes majeures pour les alimenter ont accéléré l’innovation et l’adoption de nouvelles technologies de stockage et de traitement des données. Les puces sont plus robustes, supportant davantage de chaleur et de données, ce qui réduit les besoins en refroidissement. Les baies (structures contenant les puces), les serveurs et autres équipements informatiques peuvent supporter une puissance accrue. Il y a quelques années, une baie pouvait gérer une charge thermique d’environ 5 kW; aujourd’hui, ce chiffre atteint près de 30 kW, et des baies encore plus performantes sont en développement.
« Les équipements plus performants nous permettent de traiter des volumes de données plus importants et plus rapidement dans un même espace, explique Scott. Cependant, chaque baie génère toujours une chaleur équivalente à plusieurs barbecues en fonctionnement. Leur refroidissement nécessite donc une énergie considérable. »
Les solutions de refroidissement ont évolué et les nouveaux centres de données passent du refroidissement par air au refroidissement par liquide. Le refroidissement par liquide occupe trois fois moins d’espace que le refroidissement par air traditionnel, et l’utilisation de liquide permet de maintenir les baies à température constante. Cela s’effectue via des portes réfrigérées ou l’acheminement direct d’eau froide aux puces. Certains centres de données utilisent même le refroidissement par immersion, plongeant les serveurs dans un liquide pour prévenir la surchauffe.
Malgré ces améliorations, le refroidissement représente encore 30 à 50 % de la consommation électrique des centres de données. « Ces nouvelles technologies nous permettent de traiter beaucoup plus de données qu’auparavant, souligne Scott. La question est de savoir où nous trouverons l’énergie nécessaire pour les alimenter. »
Énergie requise
Selon Scott, il est urgent d’accéder à davantage d’énergie, mais il est crucial de privilégier des sources durables. « L’utilisation du gaz naturel multiplierait par dix l’empreinte carbone des centres de données comparée à l’énergie solaire. Lorsqu’un centre de données consomme plus d’énergie que 500 logements, il est essentiel de s’orienter vers des sources d’énergie verte. »
Les énergies renouvelables pourraient être la solution. Scott accompagne actuellement les grands consommateurs d’énergie dans leur transition vers les énergies renouvelables en les mettant en relation avec des producteurs d’énergie solaire, éolienne et de piles à combustible à hydrogène capables de fournir directement de l’énergie verte aux centres de données.
Dans certains cas, les utilisateurs des centres de données achètent cette énergie propre pendant les périodes creuses et la stockent pour une utilisation ultérieure. Cette approche évite de surcharger le réseau aux heures de pointe et permet aux entreprises d’acquérir de l’énergie verte à des tarifs plus avantageux.
Toutefois, la demande énergétique du Canada est telle que l’énergie issue de sources non renouvelables pourrait faire partie de la solution. Scott anticipe une multiplication des annonces de projets liés au gaz naturel, particulièrement dans l’ouest du pays.
« Nous sommes pleinement conscients que l’industrie des centres de données est actuellement en concurrence pour l’énergie et que cette situation s’intensifiera avec l’essor de l’IA, déclare Scott. Mais l’industrie évolue rapidement et s’efforce de développer des solutions durables. »
Qui sait, peut-être que l’IA contribuera-t-elle également à résoudre ces défis.
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